Mali

Planète Dogon

24 février 2009
Par Pascale
Partis de Ouagadougou au lever du soleil, nous avons une journée difficile devant nous. Il y aura 150 kilomètres de piste après la frontière avec le Mali.
Au poste de douane, je réveille le gendarme. Il est presque midi, il fait très chaud.
Une bonne piste en latérite nous emmène dans la plaine où vivent des Dogons, nous traversons les premiers villages aux petites huttes caractéristiques. La latérite laisse place à du sable et nous devons pousser plusieurs fois. Des villageois nous aident et un instituteur enfourche sa mobylette pour nous mettre sur la bonne piste.
Nous croisons des charrettes tirées par des ânes qui peinent autant que nous.

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Jaune, tout est jaune. Le sable, les maisons de terre, les rares touffes d’herbe que se disputent les zébus et les chèvres, la piste qui soulève de la poussière. Seuls, les boubous des femmes apportent de la couleur.
Au loin, dans la brume de chaleur se découpe la falaise de Bandiagara.
Juste avant la nuit, nous arrivons à Yendouma Sogol, chez Emile notre Dogon préféré.
C’est avec un grand bonheur que je retrouve ce lieu découvert il y a deux ans.
On appelle « pays Dogon » la région regroupant plusieurs villages d'une même ethnie, les « Dogons », implantés aux abords de la falaise de Bandiagara.
Ici, c’est un autre monde, oscillant entre conte de fées et magie.
Le regard est d’abord attiré par la falaise abrupte, majestueuse dans cette savane. Puis petit à petit l’œil descend et aperçoit des trous dans la roche, il s’agit des habitations des premiers occupants de ce lieu : les Telems.
Puis au bas de cette falaise, certaines ancrées sur des rochers, des petites huttes rondes en banco avec des toits de paille, ce sont les réserves de céréales. Elles sont posées sur des pierres, pour éviter l’intrusion de termites.

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L’ensemble est visuellement magnifique, de l’ocre dans toutes ces nuances. On se croirait dans des villages de poupées, ou de contes pour enfants, on s’attend à croiser un lutin.




100 % Dogon
Comme il le dit lui-même, Emile est 100 % Dogon. Nous l’avons connu grâce à Max, président de l’association « Opération Mali » de Voiron (coucou Max).  Il soigne les habitants de son village et des villages voisins en se déplaçant sur sa 125 cm3. Il tient l’auberge « Orona » où l’on peut dormir et manger dans son village de Yendouma.
Mais surtout, Emile est un homme de cœur, le pont, le trait d’union entre nos deux mondes entre notre culture européenne et la sienne très riche et complexe.
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Emile sera notre clé d’entrée dans la planète Dogon. Nous marchons avec lui jusqu’au village de Yendouma Ato (l’un des plus beau de cette région). Puis avec sa petite moto, nous allons au village de Tiougou voir une danse des masques.

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Avec Joël, son ami d’enfance, ils me parlent de l’histoire de leur peuple.
Au 8ème siècle, cette terre était habitée par les Telems qui vivaient dans les grottes creusées dans la falaise. Au 13ème siècle, quatre familles Dogons ont quitté leur terre d’origine au Ghana (animistes, ils ont fui l’islam) et ont chassé les Telems de cet endroit.
80 000 Dogons vivent aujourd’hui aux abords de la falaise de Bandiagara.
Les villages se développent autour de la Guina qui est la maison du plus âgé. Dans chaque village, une toguna. Sorte d’abri posé sur 8 pieds de roche. Dans ce lieu, se traitent les conflits. Le plafond est bas. Les personnes énervées qui veulent se lever se cognent la tête !
La société Dogon est constituée de plusieurs castes : des nobles (paysans), des griots, des forgerons, des tisserands… On ne se marie pas entre castes.
Le Hogon est le chef spirituel du village (le plus âgé de la caste des nobles). Il vit dans la partie haute du village.
Le Hogon de Aron, noble choisi pour son intelligence a le pouvoir spirituel sur tout le peuple Dogon.
L’élément structurant de leur culture est la cosmogonie. Les totems symbolisent leurs ancêtres immortels et sont parfois appelés « grand-père ». Ces totems sont représentés sous forme d’animal (panthère, caïman, porc-épic…). Sacrés, ils donnent la protection à chaque famille.

La vie quotidienne est rythmée par les saluts interminables qui égrènent la journée : « Séou. ». Comment ça va ? et la famille ça va ? et les enfants ça va ? et le travail ça va ? et les récoltes, ça va ?
 
On cultive l’oignon, le mil, le sorgho, l’arachide, les habitants élèvent aussi beaucoup de chèvres et de zébus qui se promènent dans la savane clairsemée de baobabs.
Le coq nous réveille alors que commence le défilé des femmes qui vont chercher de l'eau au puit, portant des pleines bassines sur leur tête.
Elles sont courageuses ces femmes, monter et descendre de la falaise plusieurs fois par jour, un seau d’eau sur la tête, souvent pieds nus, un enfant porté dans le dos.

Le village de Yendouma fête la bonne récolte de l’année. Les hommes ont revêtu le costume traditionnel et ont sorti les fusils à poudre noire, les musiciens sont de la partie, les femmes portent leurs plus beaux habits et leurs bijoux. Nuit et jour, ce sera la fête, des chants, des danses… On boit la bière de mil.

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Le Dogon est fêtard, nous ne dormirons guère….
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Trois jours plus tard, nous quittons Emile avec beaucoup d’émotion, direction Tombouctou. Beaucoup de piste, de poussière, de sable, de chaleur.
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1er mars

Arrivée à Tombouctou où nous retrouvons avec grand plaisir Evelyne venue de France à notre rencontre, Aly, Aliou, Djadjé, Moulaye… tous nos amis.


2 mars
Tombouctou, la ville mystérieuse, la ville des 333 saints.
Cernée par le désert,  Tombouctou est envahie par le sable, par la poussière. Les chèvres et les ânes traînent dans la ville où la chaleur devient difficile pour nous. Que reste-t-il de sa splendeur sinon quelques mosquées, bibliothèques, belles maisons et une atmosphère.
Dans les rues, les femmes confectionnent du pain rond dans des fours communautaires. Nous buvons les trois verres de thé chez Aliou : « le premier est amer comme la mort, le second clair comme la vie et le troisième doux comme l’amour ».
 
Le fleuve Niger, à une quinzaine de kilomètres est un lieu de vie important. Des pinasses de marchandises ou de transport de passagers relient la ville enclavée au reste du pays.
Les Peulhs (tribus qui s’occupent des troupeaux) font traverser leur bétail à la nage.
Les enfants se baignent, les femmes lavent le linge, des hommes en pirogue pèche le « capitaine » fameux poisson du fleuve.

Dernière mise à jour : ( 14-03-2009 )