Mauritanie

Par Pascale

 9, 10, 11, 12 mars 2009

 

Au lever du soleil, nous partons de Tombouctou, direction Néma en Mauritanie. 630 kilomètres de piste (épreuve du Dakar...). Baba, Aliou et Djadjé nous accompagnent en Pick-up.

Nous savions que cette étape serait difficile.

Trois jours de piste, de sable, de poussière et de chaleur intense (44°), seules les nuits à la belle étoile apportent un peu de fraîcheur et de repos. Lors de notre premier bivouac, vers 3 heures du matin la lune éclairait trois ânes venus nous regarder dormir.

L'eau que nous transportons est tellement chaude qu'elle devient difficile à boire... Apprendre à gérer sa soif...

Le soir, nous apprécions les spaghettis de Djadjé et le thé à la menthe d'Aliou.
 

Le poste frontière Mauritanien est posé au milieu de nulle part.
Les premiers villages faits de bric et de broc donnent une impression de grande pauvreté. Villages posés au milieu de pierres et de sable où les seules couleurs sont apportées par d'étranges fleurs composées de sacs plastique accrochés aux épineux. Le vent souffle, chaud. Punition que d'habiter ici.

« Donne moi cadeau, donne moi tes lunettes, donne moi tes gants, donne moi un bic ».

desert-054.jpg

Certains passages sableux sont très difficiles pour les motos, heureusement, nous tendons un câble et le pick-up nous permet de nous extraire de ces ornières. Avec Sylvie, nous montons dans ce pick-up pour alléger les sides.

mau728.jpg

Tous les 20 kilomètres, un puits où nombre d'animaux sont présents : chameaux, chèvres, bœufs et ânes. Des tentes de nomades jalonnent le parcours. Des conditions de vie minimalistes, la connaissance et le respect du désert. Je ressens depuis de nombreuses années, les mêmes sentiments envers ces hommes et ces femmes qui vivent dans des conditions extrêmes et dans le dénuement le plus total: je leur tire mon chapeau !

mau652.jpg

La deuxième journée, nous ne ferons qu'une cinquantaine de kilomètres en 4 heures. Dur...
Enfin, 100 kilomètres avant Néma, le sable laisse place à un sol dur, caillouteux qui nous permettra de rouler plus facilement. Nous arrivons fatigués, transpirant et sales. Nous trouverons un hébergement assez crade mais disposant de douches (eau du puits), nous négocierons longuement le prix demandé qui était exorbitant.
D'autant qu'il ne nous est pas possible de retirer de l'argent ici, seulement changer les quelques euros planqués au fond du sac.

Les motos demandent un bon entretien après ces 3 jours de piste, nous restons un jour de plus à Néma.

 

Néma, ville du bout du monde est sale, des rats courent dans les rues envahies de déchets. Cette ville de 30 000 personnes connaît une pénurie d'eau importante. Les habitants n'ont droit qu'à 1 heure d'eau par jour,celle des puits n'est pas potable (mauvaise gestion des déchets...).

 

13 mars

L'entretien mécanique effectué, nous retrouvons le goudron que nous prenons jusqu'à Nouakchott, la capitale. 1100 kilomètres de route asphaltée baptisée la « route de l'espoir », car elle devait se poursuivre jusqu'au Mali...
Immédiatement, la différence avec le Mali s'affiche : la Mauritanie est une république islamique. Les femmes sont cachées derrière leurs foulards, les mosquées sont présentes...

 

Les villages que nous traversons sont toujours aussi sales, des ordures, des carcasses de voiture et d'animaux morts jonchent les rues.

mau746.jpg
La présence militaire est importante, nous avons été arrétés 5 fois ou plus par jour.
 
 

14 mars

Arrivée à Nouakchott en début d'après-midi ce qui nous permet de mettre à jour le site avec une connexion la plus rapide depuis ??? depuis longtemps !

Nouakchott, marrante cette capitale avec ses chameliers et leurs caravanes qui traversent les rues.

mau-023.jpg
 

La capitale de Mauritanie est propre, il faut dire que Kadhafi était présent la semaine dernière, les rues ont été nettoyées (écouté sur RFI).

Ce qui n'a pas été le cas le long des 1200 kilomètres depuis Néma. Même les abords des dunes sont sales... De tous les pays visités depuis 11 mois, celui-ci a le palmarès de la saleté. Lorsque nous traversons certains villages, les odeurs d'ordures sont tenaces.

A Néma, nous avons mangé avec un instituteur, Mohamed qui nous disait textuellement « ce n'est pas grave ces ordures dans les rues car avec la température qu'il fait, les microbes meurent » !
Il nous disait aussi que l'absentéisme scolaire est très important mais que rien n'est fait pour aller contre.... Que les filles désertent (c'est le cas...) l'école en attendant de trouver un mari.

Puis Joseph le Malien (laïque convaincu) est venu se joindre à nous. Mohamed a du mal à imaginer une société où la religion n'interfère pas dans la vie de tous les jours. Le poids de l'islam est très important en Mauritanie.

Il suffit d'aller à la banque et d'attendre (que la prière soit finie), de passer la douane et d'attendre (que la prière soit finie), d'aller manger et d'attendre le cuisinier (qui fini sa prière).

Ce fut une bonne discussion avec des interlocuteurs respectueux des opinions de l'autre.

A Nouakchott, nous logeons à l'auberge des dunes. Le patron nous prépare un repas super. Nous avions oublié comme il était bon de manger des salades et du poisson (en brochette avec de la coriandre) et boire du jus d'orange frais . Le Maroc n'est pas loin... D'autant que nos estomacs et intestins ont pas mal souffert ces derniers temps ! Et puis l'air maritime nous a permis de bien dormir avec des couvertures... On en rêvait !
Mine de crayon, nous avons roulé plus de 1000 bornes en deux jours. Avec bon rythme, celui de partir juste avant le lever du soleil afin d'éviter les heures les plus chaudes.

15 mars
Pour remonter sur le Maroc, nous devons passer à Nouadhibou via une route transsaharienne terminée il y a seulement deux ans. Elle traverse durant plus de 400 kilomètres un océan orange.

Un océan de dunes impressionnant.

mau-027.jpg

A Nouadhibou, nous rencontrons pas mal d'Européens (belges, espagnols, français) qui se promènent en Afrique ou qui descendent vendre des voitures au Sénégal.

L'un d'eux nous dira que d'année en année, la Mauritanie se dégrade.
Que penser de ce pays ?
On nous dit que depuis le coup d'état militaire de 2008, les prix flambent, que des élections devraient prochainement avoir lieu...mais qu'elles seront truquées... Crise politique importante.
Je n'ai pas senti un accueil de l'étranger très chaleureux, pour tout dire, cette république islamique me semble un peu oppressante.

Mauritanie réveille-toi !
 
 

Dernière mise à jour : ( 22-03-2009 )