Pérou
 Par Pascale
30 septembre, 1er et 2 octobre 2008


La frontière Brésil/Pérou à Assis/Inipari fut passée en 1h30 avec une légère fouille des bagages côté péruvien.
En route pour Porto Maldonado, ville qui nous permettra d’atteindre Cusco.
Il fait chaud, très chaud. Nous buvons des litres d’eau que nous transpirons immédiatement. Depuis quelques semaines, nous rêvons de température plus fraîche, ce sera pour bientôt, dans les Andes…

La première impression du Pérou sera celle d’une grande pauvreté : des habitations rudimentaires faites de bois et de bâche plastique, des zones sans eau ni électricité, l’alphabétisation en cours.
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Toujours des mains levées, des pouces tendus pour nous saluer, puis des sourires, et aussi une grande gentillesse. Ici, la peau est brune, les cheveux très noirs. 
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 Nous prenons la route « interocéanica » qui relie directement le Brésil au Pérou. Cette « route » est en cours de construction et nous roulerons une centaine de kilomètres sur de la latérite.
A Puerto Maldonado, il n’y a pas de pont pour traverser le Rio Madre de Dios, nous prendrons un petit bac.
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 De l’autre côté du fleuve, nous nous arrêtons. Immédiatement un groupe de Péruviens vient nous voir « vous êtes des extra-terrestres vous ! « . Ils nous donnent des conseils pratiques sur la route « interocéanica » jusqu’à Cusco, plus de 400 kilomètres où un tronçon, au kilomètre 121 n’est accessible qu’entre 12 heures et 13 heures, heure de pose-repas des poseurs de mines.
Nous retrouvons dans cette ville les motos taxis déjà vues au Mexique.

Trois soirs de suite, nous nous « lâchons » : pour 30 € la nuit, petit dej copieux compris, dans un petit Lodge au cœur de la jungle, qui fera très bien l’affaire… Nous apprécierons douche, propreté et moustiquaire après ces derniers jours de croisière « crade » et de manque de sommeil sur le Rio Madeira.
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 Anaconda Lodge  a été construit et est géré par Donald et sa femme. Donald, né au Pérou de parents suisses vit dans cette région depuis fort longtemps. Amoureux des plantes et des animaux, il apporte un soin tout particulier au morceau de jungle qu’il a acheté.
Il porte un regard assez désabusé sur la corruption qui sévit au Pérou, et le manque de loi de protection de la forêt amazonienne.
Il nous explique que l’économie de Puerto Maldonado repose sur l’or (beaucoup de chercheurs sur le fleuve Madre de Dios)  et sur la coupe du bois.

Nous nous préparons pour partir vers Cuzco. La route en construction passe par un col à plus de 4500 mètres. Pour atténuer le mal des montagnes (le soroche), nous préparons des infusions de maté de coca, remède local naturel fait à base de feuilles de coca.
 
3 et 4 octobre

Cuzco se mérite !
Plus de 10 heures pour faire 250 kilomètres sur une route en travaux : de la latérite, des cailloux, des gués à passer et un blocage de 3 heures sous la pluie.
Des centaines d’ouvriers travaillent sur cette route. Ils nous saluent sous les vivas, nous sommes prêts pour les prochaines élections !
Heureusement, nous arrivons à la tombée de la nuit dans un petit village où nous trouvons deux chambres à 20 sols la nuit (3 euros…).
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 Il nous reste environ 200 kilomètres pour atteindre Cuzco. Mais depuis hier soir, des trombes d’eau s’abattent sur la région.
Nous attendrons un ciel plus clément à Quincemil. Un jour et une soirée sans eau ni électricité dans ce petit village entre Amazonie et Andes où seuls les chiens et les poules osent s ‘aventurer dans les rues où l’eau ruisselle.
La vie ne doit pas être rose tous les jours à Quincemil.

5 octobre 2008
Il nous faudra encore près de 10 heures pour atteindre Cuzco.
Départ 6 heures du matin, par chance, il ne pleut pas. Nous commençons à grimper doucement, la jungle amazonienne se diversifie, des cascades jaillissent. Nous passons quelques gués.
Puis à partir de 2500 mètres, la végétation se raréfie, les habitations aussi. Les vêtements polaires, les gants et les bottes ressortent des sacs.
Nous montons en direction du col le plus haut de ce parcours par une route en petits lacets, la végétation disparaît  au profit du minéral.
Nous mâchons du coca, nous buvons du maté pour atténuer l’effet du soroche.
Nous croisons nos premiers lamas et vigognes. Mille millions de mille sabords, les derniers que j’avais vus datent de « Tintin et le temple du soleil »…
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 4779 mètres en haut du col… En face de nous,  le glacier de l’Ausangate qui culmine à plus de 6000 mètres.

La route qui descend sur Cuzco (qui est à 3800 mètres) longe des petits villages, des fermes, des cultures entourées de murets. Les toits de chaume et de tôle laissent place à la construction en terre et en pierres. Ces vallées sont magnifiques. Étrangement, elles me font penser à la Toscane (montagnes en moins).
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 Les femmes portent de drôles de petits chapeaux, certains plats brodés, tout en couleurs, d’autres ressemblant à des hauts-de-forme blancs ou noirs. Les habits sont colorés, l’origine indienne est indéniable.
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Bizarrement, le mal des montagnes se fera ressentir à Cuzco, par des maux de tête, rien de grave.

6 octobre 2008
La ville de Cuzco (nombril en Quechua) est bâtie au coeur des montagnes, de ce fait, beaucoup de montées et de descentes. Dans le centre historique des petites places accessibles par des escaliers où il reste quelques murs construits par les Incas sur lesquels s’appuient les constructions espagnoles.
Des ruelles étroites, des maisons coloniales, des volets bleus, des balcons de bois sculptés… Une belle ville
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 7 octobre 2008
Ce matin, direction Pisac pour son fameux marché et ses ruines (aussi belles que le Machu Pichu, trop cher pour nous), à seulement 33 kilomètres de Cuzco.
La route est barrée par des rochers et du bois : aujourd’hui, impossible de circuler au Pérou, tout est bloqué par des manifestations.
Pas de Pisac. Ce sera pour demain.
Toute la matinée, nous observons les manifestations. Beaucoup de monde venu à pied des campagnes environnantes, des cortèges arrivent de tous les côtés de la ville.
Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. On chante, on tape dans les mains.
Ces Péruviens manifestent contre Alan Garcia, le président actuel. Après discussion avec des manifestants, leurs revendications concernent l’augmentation importante depuis 5 ans des produits de base, et la corruption de la classe politique. Du déjà vu en somme…
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 Tous les manifestants se retrouveront sur la Plaza de Armas, et le cortège sera dispersé par la pluie.
Au fait, nous avons ressorti nos polaires, des quechua, bien sûr !
 
 8 octobre
Martine, Christian, Brigitte et Jean nous ont rejoints à Cuzco. Le saucisson, les calissons, l’apéro et les journaux qu’ils ont apportés ont été appréciés…
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 De Cuzco à Pisac, une trentaine de Kilomètres, des odeurs d’eucalyptus nous dégagent les narines…
Le village de Pisac est perdu au fond d’une vallée. Souffle court, nous montons le chemin pentu qui arrive aux ruines.Un panorama magnifique sur la vallée nous attend. Des terrasses inca avec des murets anti-érosion, des portes, des nécropoles, le temple du soleil, l’architecture de ce site est bien conservée.p734.jpg
 Sur la place du village de Pisac, un petit marché sympa avec les traditionnels tissages, poupées, pulls en alpaga, et statues incas..
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 9 octobre
Direction  Arequipa. Piste ou route ? nous choisissons la piste.
300 kilomètres de piste (à 15 Kms/heure de moyenne) dans des paysages époustouflants : des vallées, des lacs, des canyons, des lamas, des moutons, des péruviens plus que sympathiques, bref un air de Mongolie mais à plus de 3500 mètres d’altitude.
Le légendaire ciel bleu des Andes a remplacé la pluie quotidienne de Cuzco.
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 Beaucoup de personnes travaillent dans les champs. Les enfants gardent les moutons ou les vaches, les femmes cuisent du maïs.
Curieusement, les maisons d’altitude me rappellent celle du Mali : construction en banco, petits greniers à céréales.
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 Vers 16h30, nous décidons de poser le bivouac.
Altitude 4200 mètres, une première pour dormir sous la tente.
Côté froid, nous sommes équipés : Damart, couverture polaire et duvets. Heureusement, -8° au petit matin…
Par contre, la nuit fut difficile pour chacun d’entre nous. Difficultés à trouver notre respiration, battements du cœur dans la tête, l’altitude ne nous a pas épargnée.
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 10 Octobre
Nous repartons un peu fatigués et décidons de nous arrêter à Chivay, point de départ du Canyon de Colca qui nous permettra de rejoindre Arequipa.
Les motos aussi sont fatiguées par la piste et l’après-midi sera occupé à leur entretien.
Nous retrouvons nos copains du Sud qui eux sont passés par la route.
11 octobre
De Chivay, nous partons vers Arequipa via le Canyon de Colca. La piste domine des terrasses dessinées dans la montagne, et dans la vallée des petits villages construits par les Espagnols où trône une église, magnifique.
Le long de la route, les femmes conduisent des troupeaux de moutons ou de lamas
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 12 octobre
Arequipa, ville blanche, construite en pierres de lave, entourée de volcans.
Au sein de cette ville, imaginez une autre ville, celle du monastère de Santa Catalina. Construit en 1579, une trentaine de religieuses y vivent encore. Ce monastère s’est ouvert au public en 1970.

Trois heures de visite, quelques 300 photos…Le temps d’appréhender les conditions de vie de l’époque dans ce monastère, mais surtout de s’imprégner d’une ambiance.
De la pierre, du bois, des ruelles, des petites places, des cloîtres, de nombreuses peintures, une architecture superbe, du bleu (presque grec), de l’ocre, du safran, et pour sublimer le tout des jeux de lumière.
Un moment magique…
A découvrir dans la photothèque, catégorie Santa Catalina.
 Luce, t'en dis quoi de ce bleu ?p3089.jpg
 Les motos ont été bien secouées par les pistes andines mais aussi par le carburant péruvien. Deux jours de mécanique seront nécessaires pour leur remise en état.

Demain, direction le lac Titicaca… une autre histoire.
 
 16 octobre
Nous avons retrouvé l’altitude et ses inconvénients.
Lac Titicaca, lac navigable le plus haut du monde, ce nom nous faisait bien rire étant petit…En quechua, titikaka signifie "puma de pierre, une légende raconte qu'un trésor inca dormirait au fond du lac.

De Puno, le matin,nous prenons un petit bateau. A ma grande surprise, le lac est recouvert de roseaux, le totora.
Nous allons sur les îles des Uros. Les Uros vivent sur un archipel de 40 îles flottantes créées de toutes pièces à base de totora.
Ces petites îles flottent sur le lac en permanence. Leur sol est constitué d'épaisses couches de roseaux, empilées les unes sur les autres. Ils fabriquent également leurs habitations et leur mobilier avec ce roseau.
Les Indiens aymaras ont succédé aux Uros et maintiennent leurs traditions (à des fins touristiques tout de même). Les femmes conservent leurs habits colorés, tout le monde marche pieds nus sur les îles.
Etrange impression que de marcher sur ces îles, on s’enfonce un peu.
L’impression également d’être spectateur d’un zoo : le bateau arrive dans une île, ses habitants vous accueillent et proposent d’acheter leur artisanat, puis départ pour une deuxième île et une troisième où le même scénario se reproduit.
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Le lac est partagé entre la Bolivie et le Pérou, demain, la frontière Bolivienne.

L’altitude nous fatigue, nuits difficiles, difficultés à trouver notre respiration, lèvres constamment gercées, nez pelé…
Les motos fatiguent également, les heures de mécaniques s’empilent…

Et pourtant, des Péruviens plus que sympas, des visages souriants malgré la rudesse de la vie dans les montagnes, des paysages fantastiques, une culture préservée.
Le Pérou est un coup de cœur, au même titre que la Mongolie.
Dernière mise à jour : ( 22-10-2008 )